2017.06.12 Xinjiang. Un peu un rêve.. de nombreuses lectures ayant pour objet la route de la soie, les caravanes, les marchands, les déserts.
Les écrits ont vieilli: les plus récents datent de 80 ans....Ella Maillard, Alexandra David Neel et autres Jacques Lanzmann..
L'eau a coulé sous les ponts et dans les veines du désert désormais habité et domestiqué à grande échelle! Energie solaire, éolienne, gaz, pétrole et métaux rares.
Je ne sais pas trop pourquoi mais ça me brise le coeur de voir l'empreinte de roues de camion dans le sable le long de la voie ferrée, puisque c'est avec le train que je traverse ces régions pour le moment. Longues lignes droites et rapides, en surélévation presque partout.
Ai-je dit que les Chinois sont fâchés avec les vitres propres? Que ce soit dans les trains, bus, buildings,(bureaux ou habitations) c'est une gageure. Les voitures individuelles, elles , sont reluisantes! Ce qui veut dire que dans les déplacements, les paysages sont mâtinés de la couche de poussière; je suis en train d'écrire devant la fenêtre de ma chambre et ce que l'on voit c'est ça! Et les couches de peinture écaillée sur et autour du verre...
12 juin Hami: pour y arriver, superbes paysages. Des couleurs sombres aux ocres multiples, quelle palette! Une fois sur place, les couleurs changent! Plutôt sombre entrée en matières en arrivant à la gare. Il est environ 15:30 et j'ai, dans l'enceinte de la gare, pour sortir, 3 check points de Police. Les chaussures sont passées au scan aussi....bonjour la réception. Le dernier check point, je dois attendre le " manager" qui est par là. Il arrive.. au total une heure et demie.
À l'hôtel, de même, portique de sécurité et chaussures et fouille. Pas d'auberge à Hami, c'est de l'hôtellerie chinoise standard: superbe devant, crasseux juste derrière, mais comme à l'habitude, je crois que celui ci est au dessus du lot.
La seule chambre dispo. est une suite à 118,40 €! l'info que j'ai indique des prix autour de 35€... il n'y a rien d'autre. La réceptionniste ne semble pas prête à négocier, je demande le manager, c'est elle. À la fin, j'obtiens "la suite" pour 23€. Bien sûr je ne sais pas que c'est la suite parce que je ne comprends rien. Je suis conduite à la chambre: une suite, antichambre, chambre, sdb.. Sur le plan des services, ça s'arrête là. Pas de frigo, il fait très chaud, la clim est dans l'antichambre suffisamment loin pour
ne pas rafraîchir, pas de papier Wc, pas de produits de toilette habituels non plus.
Je n'ai pas besoin de tout ça en vérité, mais c'est pour faire un petit état des lieux. En suivant, le sol: la grosse moquette qui marque les égarements des uns et des autres. Dans les couloirs, c'est la même et mêmes égarements. Le tout comme en Russie, même culture collective: un aspirateur, en panne, pour tous les étages. Quant aux escaliers, il est préférable de les éviter et de ne jamais tenir le garde corps....
Donc, j'ai hautement apprécié ma suite, sans petit dej .
Aucun interêt à pousser plus loin les investigations. Je pose mes bagages et je file vers d'autres attractions, en bus. L'hôtesse se présente sous un jour nouveau et me donne un tas de renseignements très utiles sur les bus, restos et supermarchés.
Il se trouve que les sites à voir en ville sont peu nombreux, pas vraiment superbes et nivelés par le bas comme trop souvent. Musée de la culture musicale Ouigoure, Mausolée des derniers seigneurs locaux, en 3 h, j'ai fait le tour et revenue à pieds.
Les locaux sont amènes, souriants, et je me sens un peu mieux qu'à la gare. J'ai rempli mon programme car finalement, les quartiers anciens en pisé sont murés, délabrés et sont prêts pour les bulldozers, peut être dans les mois qui viennent...comme partout! Je retrouve toujours et partout, à grande échelle ce nivellement, ça me fait de la peine et me met en rage en même temps.
Demain je continue ma route vers Turpan, Tulufan le plus souvent. La voie ferrée traverse le désert, à toute vitesse, de temps en temps des oasis, de l'eau à profusion, de larges aires densément plantées de peupliers blancs. Des travaux sur le sol pour limiter le travail du vent et peut être aussi fixer de la végétation..
13 juin: Turpan, la gare des trains GV est à 12 km de la ville. La ville de Turpan actuelle est à 45 km environ du point le plus bas de la dépression. Entre les deux, les anciens sites urbains, consumés par le temps et l'érosion..
Rien à voir avec une oasis que l'on imagine réduite et d'autant plus précieuse; non, la ville est chinoise, très larges avenues, 2 fois 3/4 voies pour de rares véhicules; les distances sont longues, les transports publics peu fréquents. La gare ferroviaire "tout venant" est , elle à 46 km de Turpan. On a interêt à faire attention! C'est plus cher d'aller à la gare que de prendre le train!
L'hostel où je vais est bien hors de la ville récente, que des allées non revêtues et poussiéreuses, on mange la poussière par tous les orifices! Il y a du vent en permanence. C'est tranquille, oriental, et, comme j'ai besoin de me dégourdir, je finis le chemin à pieds pour me donner la mesure des lieux en quelque sorte. L'hostel est très accueillant, tonnelle soutenue par des pieds de vigne dons les raisins sont fameux par leur absence de pépins...et il y a bien d'autre variétés! Dans la rue, on fait et on vend le pain: énormes galettes (qui pourraient parfaitement faire l'affaire pour des fonds de pizza!) pâte très fine à souhait.
Mes recherches sont vaines pour trouver quelque chose à mon goût pour dîner: galettes, excellentes d'ailleurs, bière, yaourt, ce sera tout pour ce soir. Il y a des montagnes de melons partout, mais ils sont si gros et si lourds....et que faire avec tout ça sinon du gaz dans mes trippettes?!!!
Le lendemain, j'ai trouvé, après une visite torride des anciens villages de Turpan, Jiaohé et Goachang, une jeune femme de Canton. Nous sommes allées dîner: une gourmande! Super, elle avait un carnet d'adresses bien fourni. Nous avons bien dîné et ça réconforte! Un repas par jour et jeûne plus qu'à mon tour, j'apprécie un bon repas vers 6 PM!
Retour à l'auberge pour planifier la suite. La vie coule lentement. J'apprécie bien les lieux et je convainc une Galloise de venir avec moi à Tuyok village, et de là dans la grande dépression de Turpan. Lac Aydingkui:-150 m, la 3eme grande dépression après la Mer Morte (-400m) et Death Valley (-240m)
Bonne ballade, en taxi. Sous une chaleur terrible, 45 C., mais l'effort est récompensé. Le village est encore vierge de l'intervention de mise en valeur tellement invalidante...., la depression: personne n'y va, le site était pour nous! Il n'y a pratiquement plus d'eau et elle est fraîche autour, salée au milieu. Nous sommes restées là un bon moment et le taxi driver était bien sympa. Au retour, nous sommes allées au Musée et super marché: objectif : grosse salade de tomates+ oignons,ail, piments verts ( qui se sont avérés piquants) vinaigre et huile de sésame! Que du bonheur!!!et nous avons tout mangé!
Un jour de plus: Grappe Valley. J'ai voulu y aller pensant me promener dans un "village viticole". Je me suis rendue sur le site: du tourisme chinois. Grand parking de bus, de voitures. La fouille, les billets d'entrée à acheter, suivre la foule...J'ai rendu mon tablier et suis revenue à la case départ. Toujours intéressant l'impromptu: j'ai traversé, par hasard, un "chantier" : canalisations percées et tampons dissimulés sous un mètre de goudron...à faire rêver... et tout ainsi.
Bon, il est temps pour moi de passer à autre chose: je vais faire le tour du Taklamakan par l'ouest et le traverser à l 'est.
En train au début et en bus pour finir. Je pense souvent à Lanzmann. En quoi consiste son exploit lorsqu'il traverse le Taklamakan en 1990?
Probablement n'y avait il pas les routes actuelles....et les check points...
Je vais retrouver son bouquin.
J'ai les billets de train pour Kuqa et Kashgar. Voyage de nuit en couchette. La première nuit, 6h30 de train.
17 juin: Kuqa mal réveillée et il va falloir que j'attende le train de nuit...Je dois donc m'occuper!
Premièrement, à l'arrivée, il n'y a pas moyen d'aller aux toilettes de la gare. Pas de communication possible. Deuxième surprise, pas de casier garde bagage! La seule aide, si une, la Police! Un seul signe: le doigt pointé vers...l'inconnu. Je joue sans mal la parfaite idiote car je suis fatiguée, il fait chaud même à 6h du matin et je n'ai pas bien dormi avec le ronfleur!
Comme je ne bouge pas, en regardant la direction indiquée, un agent se décide à m'accompagner....et je laisse ma valise en garde chez un particulier.
L'attente du seul bus qui va au centre, ou du moins je l'espère, est longue, mais j'ai toute la journée....Objectif : trouver des toilettes et deuxièmement déjeuner. Le parc public fait mon affaire pour le premier: il est tôt, personne dans les rues et tous les commerces sont fermés. De plus, le Xinjiang a son heure: il est 4:30 du matin ici...et c'est aussi Ramadan . Les conditions d'exercice du culte étant limitées, par de Muezzin pour la prière...pas de rassemblement à la Mosquée non plus. Je vais devoir attendre pour déjeuner et je flâne dans les ruelles de la vieille ville.
La journée est un peu décevante car il y a peu à voir, à l'exception du palais du dernier roi local. Récemment rebâti, le parc seul est attractif avec des fruitiers, mûriers en pleine production, abricot à peau lisse, délicieux; pomme-grenade en plein épanouissement. Ils font une boisson légèrement alcoolisée avec les grains de grenade, 1 ou 2 degrés. Très agréable. Puis vient le moment où tout s'ouvre, multiples étals divers, tous alléchants avec des montagnes de sucreries, patisseries pour le soir, après le jeûne. J'y trouve des yaourts locaux délicieux, non sucrés et entiers. Des genre de nouilles savamment agencées pour faire des turbans ou des pelotes de laine énormes une fois trempées dans l'huile bouillante et davantage. Un regal. Ca valait le coup d'attendre! Puis je somnole dans le parc du palais et lorsque vient midi je prends des bus urbains pour visiter la cité. Rien de plus ni de moins.
Lorsqu'il est temps de retourner à la gare, je fais quelques emplettes pour dîner et je déguste, après la fouille en gare...Le bilan de la journée n'est pas vraiment satisfaisant mais par ailleurs, c'est le quartier Ouigour dans lequel je suis restée, avec ses maisons basses, en pisé, tapies derrière les murs de briquettes, pas de fenêtre sur ruelle. Les antennes TV dépassent des toits trahissant ceux collés à l'écran plat... seule la façade sur la rue principale est décorée: de jolies portes peintes avec des fleurs, des pots, jarres aux couleurs vives ainsi que le préau qui longe la façade et qui sert aux bavardages , au repos .
18.06 Kashgar . Il est tôt encore lorsque j'arrive à Kashgar. Le taxi ,que j'ai partagé avec un autre voyageur nous dépose pas trop loin de nos hôtels respectifs, sauf que pour moi, l'adresse est un genre d'adresse chinoise où le lieu n'a plus rien à voir avec l'adresse: un jeu subtil de petits signes à trouver et à déchiffrer... l'hotel se révèle correct, mais je me sens enfermée et sans air. Après un bref repos, je me mets en quête d'un autre hôtel et d'un emploi du temps ici. Chose faite, dans l'auberge, je trouve 3 autres voyageurs et nous affrétons un véhicule particulier pour faire la route du Karakoram et différents lacs en route. Sur 2 jours. Je m'organise pour amener ma valise dans cet hôtel et demain j'ai un pick up devant la porte...En rentrant, je serai prête pour la nuit, sans changement.
19/20.06 Karakoram. Nous avons passé 2 bonnes journées dans ces paysages fascinants. Le col se situe à 4050m, il fait très beau et nous arrivons à l'étape vers 16h. J'ai été secouée par l'altitude, partis de 1200m environ, je me sens plutôt mal: mal partout, aux os surtout et très fatiguée. Première expérience de ce genre. Je dois dire que depuis quelques temps, avec la chaleur, je ne trotte pas comme un lapin. De plus les distances sont grandes et les vitesses alourdies par tous les contrôles policiers: bilan, grande passivité et immobilité...
Nous faisons un bon repas auquel je touche peu et je me couche vite. Pas d'eau chaude, ni de serviette de toilette, le compte est vite fait. De toutes les façons nous sommes tous logés à la même enseigne, pas de toilette. Les auberges, même internationales ne sont pas toutes de qualité équivalente. C'est la loterie.
Je dors comme un loir et suis bien en forme le lendemain où il fait un froid inattendu. Nous petit déjeunons correctement et nous partons accompagnés par de la neige fondue et très vite par une belle poudreuse. J'ai sur la peau une robe légère et au pieds , j'ai les chaussures de rando.! Je ne pouvais pas faire mieux et je n'étais pas la moins équipée...
Là aussi, les barrages de Police partout, à chaque petit croisement de route secondaire, la Police. Des garnisons aussi. Nous sommes près des frontières Tajike, Afghane, Pakistanaise, Cashemiri, Tibetaine; on dirait que tout le monde est sur les dents! A part ça, ce sont des vues sublimes. La route est en parfait état le plus souvent et elle est parcourue dans les 2 sens par des colonnes de camions militaIres et des troupeaux de yachs ou de chèvres et moutons. Il y a des accidents et des morts... bien que la vitesse soit respectée et limitée à 40/h le plus souvent.
Les jours suivants me permettent de déambuler à Kashgar, la partie de ville reconstruite façon ancienne, rien de très attachant, sauf les gens. Le bazar est très touristique pour les Chinois, que des babioles à 1€! Le plus sympa a sûrement été le marché aux bestiaux avec les acheteurs qui tatent les fourrures d'un air entendu et les vendeurs qui peignent les moutons comme des caniches, ils les tondent! C'est trop mignon. Puis tout à coup une camionnette arrive, je n'avais pas compris mais l'affaire était déjà dans le sac. La brochette de moutons est vendue, ils partent..
C'est long, silencieux, les yeux sont brillants, ils laissent, reviennent et voilà une autre camionnette!
L'hôtel où se retrouvent les voyageurs, genre de caravansérail pas très reluisant, n'est pas particulièrement sympa, mais c'est là que se dénouent pas mal d'itinéraires. Il y avait beaucoup de Chinois à moto. De sacrés engins BMW, certains arrivaient du Tibet, d'autres y allaient, 10h de moto/ jour à 40kmh....il faut du temps et une bonne condition physique....les motos sont les chameaux d'autrefois, moins odorants et plus bruyants: le matin, la pétarade de 3 ou 4 motos, rien de tel pour nous tirer du sommeil. De même les histoires sans fin des uns et des autres avec forces bières devant les chambres jusqu'au lever du soleil...
Peu de repos et parfois des rencontres fortuites.
23 juin: Hotan (Khota) il y a souvent 2 ou 3 noms pour le même lieu, ça prête souvent à confusion il vaut mieux avoir une carte...ce sera le dernier tronçon en train sur la route de la soie, au sud. On longe les contreforts des Himalayas dans le lointain. C'est également le bassin du Tarim. Altitude moyenne 1400m tout le long de la route et voie ferrée. 6 h de train. Rien de spécial. Je passe la nuit dans un hôtel chinois standard et je loue les services d'un taxi pour aller voir un peu hors la ville. C'était compter sans la police! Des barrages, arrêt, papiers, fouilles. J'avais 3 h devant moi, j'ai roulé 30 km, vu un atelier de tissage artisanal de soie, caractéristique de la région,et...c'est tout! J'ai laissé tomber les tapis à noeuds, je croyais que c'étaient des Kilims, et je pensais aller au musée, il ne me restaIt que 10mn. Je me suis fait déposer et j'ai terminé à pieds pour me dégourdir et faire tomber la pression des barrages de Police. Un peu dépitant.
24 juin : Qiemo. (Chenchen) 85000 hts. Un petit village, il a été....il n'est plus une étape de la route de la soie, avec ses rois...12 h de bus. Il fait nuit lorsque j'arrive. Le taxi me dépose à l'hôtel. Très convenable et ce ne sont pas des chinois....Je reste là deux jours car il me reste de la route à faire pour boucler mon périple....au total plus de 4000 km! C'est calme, et c'est bientôt la fin de Ramadan. Les femmes font des emplettes pour ce jour de fête. Des agneaux, du mouton cuit, cru, partout. Les bêtes arrivent en mobylette tri-porteur. Très populaires ici. Le guidon est très large et il y a 3 sièges à l'avant. Ca donne une façon de diriger l'engin assez cocasse et pénible: une seule personne, et on dirait qu'il ou elle a les bras en croix: 2 personnes et c'est l'un ou l'autre qui conduit complètement tordu; 3 personnes et chacun des bords tient un coté du guidon....Les enfants conduisent l'engin aussi ou des personnes très âgées.
On transporte tout avec l'outil et même il sert de plateforme pour le repos, sous les mûriers...!
Que dire du désert? Ça n'en est pas un! C'est habité tout le long de l'artère nourricière que représente la route.... c'est irrigué presque tout le long, planté de peupliers en rangs sérrés. Et c'est fertile.
Je suis interpelée par une jeune fille de 15 ans, elle se débrouille bien en anglais et elle veut parler. Son rêve: partir à l'étranger, pour ça tous les moyens sont bons pour pratiquer. Elle veut parler très bien car elle veut aller à Stanford, Californie. Et elle adore les mathématiques. Elle me fait visiter, m'amène au restaurant, veut m'amener chez elle. Mais je suis fatiguée et je regrette, car c'est LE moment, celui des préparatifs de fin de Ramadan. Elle habite dans un bloc, tout près de l'hôtel, sécurisé, au milieu d'un parc...Il fait très chaud et demain j'ai encore 10 h de bus qui vont devenir 14...
26.06 Qiemo to Korla: ( Bayingolin)
Le vent s'est levé cette nuit. On n'y voit plus rien à 7:00 am. Tout est poudré et la marche est difficile pour atteindre la gare routière. J'ai la sensation d'étouffer. Si je veux mâcher, les dents crissent sous la poussière...on ne voit pas le soleil, les particules sont tellement fines..elles restent en suspension.
Toute la journée en bus alors que le temps indiqué était de 6h.. où est l'erreur? Le bus est un bus couchette, c'est confortable. Il faut se déchausser pour monter ans le bus et il y a latérale.ent, les étagères pour mettre les chaussures et un tapis le long du bus pour monter pieds nus...
Tout est parfait sauf que lorsqu'il faut descendre pour les check points ou l'essence, il faut se déchausser et recommencer tout le ballet!
Je suis particulièrement déçue par les paysages. J'attendais des dunes de sable bien sûr mais plus le désert de pierres . Le seul désert parcouru partiellement par des amoncellements de pierres que j'aie vu est celui de Baja Californie, et c'étaient des granites pour partie.
Ici, j'avais lu que je trouverais en route ces pierres... et je suis restée sur ma faim.
Tout le long, de part et d'autre de la route, des travaux pour ralentir l'érosion des dunes. La voie est belle, une ligne haute tension la longe de bout en bout. Certes il y a beaucoup de panneaux solaires, des champs...mais aussi des cimenteries , des postes de police, de postes d'essence. C'est tout un process pour s'approvisionner en essence: toujours près d'un poste de police, ensuite des grilles métalliques de 2.50m de haut, des herses métalliques au sol, des chevaux d'arçon pour le cas ou un blindé se pointerait et tout le monde descend avant les herses. Et là on re-attend, parce que on a déjà attendu au post de police...sous le soleil de plomb ou le vent ou la pluie. On peut en profiter pour se soulager, dans la nature comme tout le monde. C'est normal. Mais tous les bus, toutes les voitures, tous les camions tous les jours, toute l'année font pareil au même endroit..si il pleut, comme le sol est peu perméable, c'est la patinoire...
Le sol est riche en pétrole, gaz et autres ingrédients de valeur. Ceci explique cela...
C'est la fameuse traversée du Taklamakan, celle sur laquelle je comptais pour voir un désert de pierres. D'abord l'itinéraire n'est pas celui que je comptais suivre, c'est probablement la raison pour laquelle je n'ai pas vu les pierres. 2 jours plus tôt je comptais déjà les voir....un mirage dans le désert!
Au bout de la route, Korla ( Bayingolin) territoire oú vivent des mongols, env 700 000 hts. Riche en promesse, en emplois. La ville se présente agréablement. Il y a longtemps que les chinois en sont maîtres.
L'hotel que j'avais sélectionné est à l'opposé de mes espérences: pas d'anglophones, hotel chinois des plus classiques: dégoûtant lorsque on atteint les sanitaires. Plus que dégoûtant. Mais j'y suis. Je ne me lave pas et j'essaie d'aller aux toilettes dans un resto., mais je renonce. Demain je change.
Les gens ont la sale manie de tourner les pages de mon passeport pour étudier mes visas, qu'ils ne comprennent pas puisque ce n'est pas en Chinois et rigoler. C'est tellement drôle! En revanche, comme ils ont les mains sales et grasses, mes feuillets commencent à prendre une tournure que je n'aime pas...pareil à la police ou les hôtels. Ca m'agace copieusement. De plus ils ne savent pas ce qui leur est utile. Toutes les pages y passent...
Je change pour un hôtel confortable....qui a été refait il y a 2 ans. Je ne sais pas ce qui a été refait. Le premier coup d'oeil sur la moquette me laisse songeuse, la chambre emporte ma décision: avec fenêtre, la taille d'un hublot à 2 m de haut sur la cage d'escalier. En plus la réceptionniste me court après avec son scanner, (celui de la porte d'entrée ne marche pas) et veut voir ma valise. Je refuse, descends, et demande mon remboursement.
Je prends un taxi pour la gare en direction d'Urumqi, dernière étape de mon"rêve" du Xinjiang. Ils m'ont vaincue.
28 juin Urumqi. J'ai eu le temps de me calmer avant d'arriver à Urumqi...le train était confortable et j'étais correctement entourée: pas de gloutons, de cracheurs et autres. Donc c'était propice à la relaxation.. respirer par le ventre...laisser passer les pensées sans s'arrêter sur une en particulier, les séances de relaxations me sont utiles.
Je suis arrivée à l'auberge, en bus depuis la gare, sans y croire et facilement. Et j'ai un dortoir pour moi! Un seul ennui: connexions wifi quasi inexistantes...dur d'aller dans un cyber café, tout est en Chinois.J'ai accumulé un gros retard pour les photos n pensant que la capitale de province aurait du haut débit. Tout le contraire, tout est sous contrôle! C'est d'autant plus ennuyeux que je dois réserver des vols et préparer des e-visas...Les vols, je peux aller dans une compagnie aérienne mais je ne peux pas naviguer...pour les prix ou de meilleures connexions, du temps et de l'argent, mais j'ai un billet pour partir, je verrai à Astana.
La ville est étalée sur plus de 20 km, le TGV chinois passe là vers Istanbul, autant dire que la ville est assez internationale, mais aussi très populaire, pas mal d'exode rural, des chantiers comme partout, toujours le même process débilitant sans savoir si c'est du neuf ou de l'ancien!
Finalement, en dehors d'un parc kitsch mais Ui a coûté la vie de pas mal d'honnêtes chinois dans les années du grand bond en avant et du bazaar, je ne fais pas grand chose. J'ai bcp de mal à dormir aussi. Sinon la santé est bonne, je trouve de bons croissants et du café latté, seuls écarts à la cuisine chinoise. Ils sont rares! Je ne me plains pas, je mange toujours la même chose et des fruits: pêches, plates ou non, brugnons, lychees, tout est très sucré, mûr à point, délicieux. Le moral remonte un peu avec la perspective de voir autre chose.
Bye bye la Chine, pour un bon moment.....
La boucle Taklamakan fait 4050 km train et bus
Mois de mai et juin : 14060 km dont avion 1795km, train: 7230 km, 5035 en bus.....