Arrivée à Bishkek facile, grenier â blé traversé tout du long d'Almaty jusqu'au pied des hauteurs qui entourent Bishkek. Je n'ai rien reconnu de mes expériences précédentes en arrivant â Bishkek. Tout s'est modernisé bien que la structure russe soit omniprésente avec ses buildings volontaristes de l'époque des soviets et ses larges pour ne pas dire surdimensionnées avenues..
Le trajet s'est bien passé jusqu'à la frontière, en marshrutka, genre de trafic pour 20 personnes. Il part quand il est plein. Après la frontière, il avait disparu...j'ai donc pris le premier qui s'est présenté, à 20 km de Bishkek.
La chance jouant en ma faveur, je suis descendue pas trop loin de l'hotel où j'ai réserve et j'ai continué à pieds pour 2 km. Bon moyen de me dégourdir les pates. Arrivée bien plus rapidement que prévu, j'avais le temps de prendre connaissance de la ville.
Sympa, beaucoup de jeunes, des voyageurs européens. Le pays est libre de visa. Ça facilite considérablement les choses et beaucoup d'étrangers arrivent là pour préparer la suite de leur voyage et obtenir de nouveaux visas. En ce qui me concerne, mon passeport est gavé de visas et de timbres et je vais cruellement manquer de place très vite. Les informations concernant le consulat d'Espagne sont erronées et je n'ai rien trouvé pour demander un nouveau passeport. Je verrai au Tajikistan.
Je suis dans un hostel tenu par des japonais, propre et bien situé. Un bon plan. Après quelques emplettes nécessaires, je pars vers le lac Issyk Köl, le sud et je me dirige vers la frontière occidentale Kyrgyzstan/ Tajikistan.
2017.07.13 Lac Issyk Köl sud. Finalement tout est plus simple que prévu: marshrutka vite rempli et départ imminent à chaque rupture de charge, 3 au total. A midi j'étais à Tong, "à la plage". Camp de yourtes pour les locaux qui viennent en WE. L'eau du lac est tout à fait acceptable, légèrement salée et autour de 18/19 degrés il me semble. Je suis assez agréablement surprise: les femmes se baignent en maillot de bain pour la plus part, mais peu se baignent. Il y a plusieurs enfants par famille et ils pique-niquent sur un grand tapis. Sur place il y a des boissons, des stands de tir, des toilettes, des poubelles. J'ai une yourte pour moi, le petit dej. inclus, le dîner et j'envisage de reserver un taxi pour demain. Les distances ne sont pas très grandes, il y a une seule route pour tout le monde, y compris les personnes qui n'ont pas leurs propres roues.
Je passe l'après midi à la plage, sur de gros galets de granite rouge. Je ne me suis pa baignée car je me suis blessée sur l'arête du tibia droit pour la énieme fois, tjs le même endroit en glissant sur une marche à Bishkek..beaucoup de sang pour pas grand chose mais cicatrisation lente à prévoir. Donc j'ai marché sur les galets. Altitude de 1600 m et température très agréable. De retour à la yourte, le paysage en sens inverse me révèle comme un relief lunaire, ruiné et rouge.
Bonne promenade dans ces paysages: des granites rouges sang décomposés, d'où la couleur mais aussi des argiles de toutes les couleurs ocres du blanc au lie de vin.
Finalement tout le long de la rive sud, plus ou moins proche du lac, mêmes formations. Il pleut, pas beaucoup mais l'eau pénètre peu et sur une faible profondeur, tout dérape et moi aussi....Bilan, bain de boue qui sèche avant mon retour à la yourte. Après, pas besoin de laver, il suffit de casser la croûte!
Le dîner est végétarien: deux bols de pâtes additionnés de ratatouille homemade délicieuse! Pour le petit dej. j'ai pas moins de 4 oeufs et du pain fait maison, ici, excellent servi avec du thé.
Le lendemain, j'ai prévu un taxi pour me promener. Il s'avère que ce n'est pas le bon plan. Je visite un autre canyon, à sec, mêmes reliefs et couleurs. Il bruine et je trouve quelques promeneurs en groupe. Ballade durant 2 h et je demande au taxi de me déposer à la yourte. Je continuerai en transport en commun. Les prix sont rédhibitoires dès que l'on s'adresse à une agence et le service est particulièrement médiocre car le sous traité est très mal payé. Comme en Mongolie.
Et finalement, j'ai pu aller là où je souhaitais, sur la route principale en bus collectif puis à pieds. Mais il a commencé à pleuvoir quelques km plus loin et j'ai été prise en charge par 2 cameramen qui m'ont conduite au bord de la Mer Morte Kirghize. Retour à pieds et sans pluie au travers de ces mêmes paysages ruiniformes.
Au total, une bonne journée de marche, 18 km aujourd'hui, pas un miracle mais dynamique et en arrivant à la yourte, un bon repas m'attendait aver des "roses" faites avec des pâtes et des pommes de terre, super bonnes et une salade de crudités très bienvenue, les fruits étant plus rares par ici.
" La salle à manger" a soudainement été remplie de 4 hommes fêtant les 40 ans de l'un d'entre eux: vodka à flot et Fanta au compte goutte. J'ai trinqué, la vodka était bonne. Ce n'étaient pas des musulmans, 2 bouteilles y ont perdu leur contenu...je ne sais comment ils sont rentrés au volant de la ou les voitures et je ne sais pas si ils avaient commencé à boire avant ou allaient continuer après. Les descentes sont aussi raides que celles des Russes et la vodka est Russe!
Très bonne journée.
15.07.2017. Je quitte le lac pour les pâturages, un peu plus haut. Le lac est à 1600 m. Etape suivante à 160 km environ, Koshkor, toujours dans ces taxis partagés. Changement de taxi 2 fois, chacun fait un segment de route. Je circule avec des locaux à 7 ou 4 ça dépend du véhicule. Il n'y a pas de transport "public"à l'exception de Bishkek. Le territoire ne fait pas 200 000km2 et la population, surtout rurale encore..., 5 millions et des brouettes. On ne peut pas trop parler de densité suffisante pour des transports en commun. Guesthouse ok. Koshkor va me servir de base pour aller plus loin avec le petit sac à dos: vallée de Suusamyr et Naryn
Donc il y a des "lignes de taxi" , près du bazaar en général et souvent une femme "organise" les voiturées. Elle sait qui va où, quand, combien et bien sûr elle connaît tt le monde.
Le parc automobile est constitué au moins à 50% à la campagne, par des Audi, Mercedes, Wolskwagen des années 70 ou 80, je ne sais pas trop, du vrai chrome bien lourd, facile à réparer, l'huile est fournie abondamment.
Pour chaque voiture dans laquelle je suis montée, une fois la voiture remplie, le premier arrêt est consacré au plein d'essence et au paiement du prix de transport, le second arrêt est consacré au plein d'huile, versé depuis un pichet bleu, pas mois d'un litre au jugé!
Le 3 ieme arrêt c'est la vidange de vessie. Et c'est fini.
Le transport s'effectue donc dans ces conditions. Et il faut rester dans ces clous là plutôt que des propositions éparses sans connaître le conducteur. A cet égard la " plaçeuse" est un poids lourd d'expérience.
Je ne dirai pas assez comme les paysages sont beaux: avec en plus quelques nuages pour faire paraître le ciel encore plus bleu!
Les routes, ce sont des routes, à part quelques grands axes et la traversée des villages. ne sont pas goudronnées, ou bien si elles l'ont été, il n'en reste rien. Mais les matériaux environnants sont des granites rouges roulés dans des argiles plus ou moins fines: c'est la structure des chaussées: lorsqu'il pleut, bonjour la colle; lorsqu'il fait sec, bonjour la poussière, et on en mange....En voiture. ça va. En tant que cycliste ou randonneur, c'est bcp moins drôle mais parfois il passe une voiture par heure, les deux sens confondus...
Je pense que je me situais à peu près au centre du pays, au milieu de chaînes montagneuses parallèles est/ ouest. Peu de traversées nord/sud. Mais des ballades super! Je ne me suis pas privée; au départ, bon petit dej., à l'arrivée, le dîner prêt et végétarien! Que demander de plus? Toute la journée dehors, des températures idéales pour marcher, des montagnes, des cours d'eaux puissants et impétueux et parfois des rencontres.
Il y a pas mal de touristes, mais des personnes qui paient de leur personne: cyclistes hommes et femmes, super bien équipés, en famille aussi, des marcheurs, des motards. Pas mal de Suisses, Hollandais, Allemands et Français. C'est loin d'être la rûche; les locaux développent le tourisme rural, formés par des Suisses pour répartir les profits au plus près des résidents. Le confort y est bon, c'est propre, avec des airs locaux, la nourriture est incluse. La maîtresse de maison fait tout, en bonne musulmane dévouée....et j'ai toujours trouvé mon compte et les personnes que j'ai rencontrées aussi.
Les gens sont des résidents à l'année; parfois aussi, exode rural oblige, les propriétaires sont à Bishkek, quelqu'un fait "tourner" leur boutique....à la ca pagne, emplois locaux. Sinon il n'y a pas grand chose à faire hormis les foins, les confitures, le miel, prendre soin des animaux et entretenir les bâtiments faits de "briques" d'adobe, de gros galets et recouverts de torchis et peints.
Au cours de mes ballades j'ai dû être mordue par quelque serpent, inoffensif pour cette fois, mais dont le produit a été particulièrement irritant durant la nuit et pendant plusieurs jours. Je suis tombée sur des "cailloux", ça m'a fait bien mal sur le moment, très localisé, mais j'ai trouvé 4 petits trous symétriques qui m'ont donné à penser au serpent...j'ai attendu de mourrir, d'enfler, mais rien n'est venu...En revanche, ma conviction s'est faite plus tard avec l'irritation violente comme une brûlure. De plus, plantes ou fourmis m'ont dévoré le haut du dos durant une petite sieste au soleil...une bonne surface à piquer! Par contre, rien à voir avec les démangeaisons de la cheville!
Avec le temps, tout est rentré dans l'ordre et dans tous les cas ce n'était pas invalidant sauf la nuit pour le sommeil.
20.07 Kyzyl Oy à Koshkor Changement de décors. Je pars de bonne heure, à pieds. Objectif marcher jusqu'à midi et faire du stop pour atteindre Chayek et ensuite taxi partagé pour atteindre Koshkor. Tout se passe comme prévu. Arrivée à Chayek, je trouve le taxi pour Koshkor, lui laisse mon petit sac à dos et il me prendra en passant. Je marche devant, le temps pour lui de remplir la voiture. Et encore 3 h de marche. Jolie semaine sportive!
À Koshkor, je retrouve mon baton de randonnée oublié dans un taxi! Super, ça aide à monter... Je retrouve la guesthouse du départ et le gars est incertain sur tout soudainement: les prix pour aller à Kazarman, il doit consulter untel ou unautre.
Je décide de me faire une opinion demain matin de bonne heure avec la "placeuse". Le dîner, toujours lent à arriver, 21h30 m'ennuie car je ne déjeune pas le midi, le petit dej. est très loin et j'ai pas mal marché. À 19h, la grand mère, plus jeune que moi, m'a demandé si j'étais prête pour dîner....2h30 d'attente! Pour un dîner en partie cramé.
Entre ces petites contrariétés et les démangeaisons de la cheville, la nuit est longue. Je me lève tôt le matin pour aller voir les taxis et me faire une idée de la prochaine destination, quand et comment. Tout s'arrange bien, je peux être le soir à Kazarman.
J'ai acheté quelques ouvrages en feutre mais la Poste de Koshkor ne fait pas d'envoi à l'étranger; je me retrouve avec le paquet sur les bras jusqu'à mon arrivée sur Osh!
Je retourne à la guesthouse, je prends congé et mes bagages pour un départ immédiat.
Ce sera une journée complète en voiture: 8 h de piste dans des paysages superbes. Je suis fatiguée, mais le chauffeur aussi. Il me laisse à la guesthouse demandée et il me reste un petit pb: je n'ai pas de cash pour payer la guesthouse. Les distributeurs pour Mastercard sont rares et étaient HS à Koshkor et Naryn. J'ai qq dollars. On va voir si je peux les changer.
22.07 Kazarman: un joli petit trou. Un mariage en limousine Mercedes et des obsèques .
Témoin de loin car le cimetière offrait de belles vues sur l'oasis qu'est Kazarman. J'ai quitté le cimetière et le convoi arrivait avec les hommes debout dans la partie arrière d'un camion. Probablement des funérailles musulmanes.
Pour le marriage, j'ai aperçu les préparatifs de la limo., impressionnant! Mais pas les mariés! Une autre fois peut être?
Ici aussi j'ai fait le tour élargi de l'oasis avec la rivière Naryn qui passe un peu au large. En amont de Kazarman, le pont a cédé, obligeant à un long détour mais très gratifiant en paysages. Une route est dans les cartons pour relier Kazarman à Osh, le pont est fait. C'est un bon début....
C'est une petite ville de 16 000hts. Il y a peu de choses à voir. C'est rural, tranquille et plaisant. Les petits commerces sont rares, peu de choses à acheter, peu de distractions hormis la pêche et les foins...du moins en ce moment, et les promenades.
23.07. Camionnette pour atteindre Jalal Abad et taxi collectif pour atteindre Osh. Encore de superbes paysages dans le premier tronçon du parcours. Cols et routes en terre toujours...la journée avec deux cyclistes français dont l'un est ennuyé par une tourista tenace. Ils ne sont épais ni l'un ni l'autre...ils me dépannent en monnaie locale car depuis Koshkor je n'ai plus trouvé d'ATM pour Mastercard et personne pour changer des dollars.
L'hostel-guesthouse est super. Osh est la 2 eme ville du Kyrgyzstan et on redevient citadin ici....
Je dois planifier un peu les jours qui viennent.
24.07 la frontière avec le Tajikistan est à 215 km, en traversant les Pamirs. Je décide d'y aller et revenir car mon visa pour cette région ne commence que le 1 Aout. Je ne peux pas traverser là maintenant mais je peux faire de la rando à Sary Moghol Les français vont essayer de récupérer des forces et moi je vais partir en mashrutka. Mais finalement, il faut 5 h pour atteindre la destination...il est tard lorsque nous arrivons à destination et pour une fois je vais m'en remettre au CBT pour l'hébergement. Et j'ai la chance d'avoir une yourte pour moi!
J'ai trouvé 1 couple d'allemands de mon âge, qui voyagent depuis 20 ans ! Ils sont très sympas et ont la forme et la pêche. Ils voyagent en individuels aussi et viennent d'arriver au Kyrgyzstan. Nous passons de bons moments, mais ils ne marchent pas. Du fait que j'aie passé 2j consécutifs en transport j'ai envie de me dégourdir. Mais l'altitude freine quelque peu mon rythme! Pas très haut, mais plus de 3300 quand même. Heureusement j'ai le bâton. La steppe avant les rochers est vide: un berger à cheval une fois, 2 voitures qui vont au camp de base avec des alpinistes, dont 3 polonais y compris une femmes aux ongles vernis... très chic; ils ont passé la nuit à la guesthouse dans leur tente. Des pros semble-t-il...je leur laisse et je les admire. Comme ceux qui traversent les cols où je suis passée et où je vais passer, mais en voiture et eux à vélo...des jeunes allemands, UK, néerlandais, c'est le plus gros contingent. Et qq français.
C'est la première fois que je vois des alpinistes à pied d'oeuvre si on peut dire. Et ça me laisse perplexe. A la fois admirative et apprehensive. C'est loin, très loin de mes rêves ou capacités. Je leur tire néanmoins ma révérence mais sans envie de ma part de les accompagner pour un petit bout de chemin...
Je reste deux nuits là à profiter des températures tempérées. Osh est une fournaise et je vais bien devoir la traverser jusqu'à Dushambé....700 km avec plusieurs haltes toutefois. Il faut que je m'y prépare!
26.07 retour sur Osh, rapide car j'ai pris le taxi collectif qui s'est présenté et qui, une fois plein, ne s'arrête plus jusqu'à la destination. J'étais à midi à Osh. J'ai pu aller déjeuner car j'étais à jeun depuis la veille. Pas trop bon pour moi. Les imprévus me creusent beaucoup et il y en a tout le temps.
J'ai pu faire lessive, toilette à fond, poste office, et menus achats dans l'après midi avec deux jeunes guides qui se sont offertes pour m'accompagner dans le bazaar. Bonne improvisation, ainsi, j'ai goûté les glaces Kyrgyz, le shoro ( boisson fermentée à base de céréales et yogurt) et les salades de choux.
La guesthouse est pluri fonctionnelle: elle abrite les campeurs, cyclistes, motocyclistes, les voyageurs en camping car et les piétons comme moi. Chacun y trouve son compte et c'est parfait pour rencontrer d'autres enthousiastes des sports outdoor. Le petit dej. y était aussi très varié et copieux à volonté.
Demain je pars sur Batken pour passer la frontière le 27. Le trajet passe le long de la frontière, (quelques km parallèle) avec l'Uzbéquistan, tensions oblige. Depuis la route, on peut voir la vallée de Fergana que j'ai déjà traversée il y a quelques années: une longue langue verte entre des collines grillées par le soleil. La route sue laquelle je me trouve domine la vallée et je suis sur le grille pain....
J'ai, comme les autres fois, mais sans accident cette fois ci, bien apprécié mon séjour: retrouver des gens " normaux" ou plus proches de nos usages m'a fait du bien. Un artisanat simple basé sur de la broderie qui est joyeux et coloré, des femmes "bijoutées" et élégantes dans leur genre.
Des maisons ou yourtes propres: il faut dire que la cuisine s'effectue toujours dans un lieu distinct des endroits de vie, donc pas d'odeur tenace, et toujours pieds nus à l'intérieur qui est revêtu de tapis ou moquette, coussins et couvertures matelassées.
Je n'ai pas eu l'occasion cette fois ci de voir des exhibitions à cheval ou de chasse au faucon: toujours arrivée trop tard ou trop tôt. Peut être au Tajikistan, la période s'y prête.
Au total 2200 km en voiture ou bus et 180 km en 18 jours.