Apres 6 jours, j'etais au bout de ce que je pouvais acepter...En arrivant a Port au Prince, la saleté, les odeurs d'urine partout m'ont attrappé a la gorge. Sans parler de la densité de la population et des gens sur la rue. Tous veulent te transporter, te vendre et parlent créole avec quelques mots de francais. J'ai eu soudain l'impression d'une agression comme au Maroc....
Le lendemain de l'arrivée, une manif. est annoncée pour renverser le gouvernement. je n'étais pas au centre mais a 12 km environ, a Petion Ville, banlieue"résidentielle"; bien sur, l'objectif était de faire savoir au Président qu'il doit partir et il habite ce quartier. Prudence vivement recommendée a l'hotel. Pas la peine de prévoir un transport pour sortir ni meme d'aller a P.Prince, on est sur la voie d'acces de la manif.
J'en ai profite pour esseyer de voir les options que que je pouvais avoir pour visiter cette partie de l'ile d'Hespagnola. J'ai rapidement compris quelles étaient limitées et pleines d'incertitudes si je n'avais pas de voiture ou un guide perso., 2 accessoires qui ne font pas partie de mon outillage.
J'ai dormi dessus et décidé de partir vers le nord: le lendemain avec les transports locaux; j'ai commencé par la moto pour aller a Port au Prince le matin a 7h. Le moyen le plus rapide, le plus incorfortable et le plus dangereux aussi.
Port au Prince est bati le long d'une baie, adossé a la montagne et il fallait descendre 12 km en faisant du gymcana entre les enfants allant a l'école, les voitures dans tous les sens, les carburateurs défaillants, les voitures, camions, pousseurs de charrettes etc...Arrivée a la "place aviation" d ou partent les "bus", je suis montée dans l'un d'entre eux et attendu 4h qu'il se remplisse, sachant qu'il faut 7h pour faire environ 300km. Lorsque nous avons atteint la capacité maximale supportable par le véhicule apres avoir mis des tabourets ou des seaux a l'envers pour y parvenir, nous sommes partis a fond les ballons dans une poussiere incroyable, au milieu des gravats de Port au Prince, des restes du tremblement de terre. Parmi les tentes des Nations Unies, toujours la mais pas avec les memes habitants m'a-t-on dit: exode rural oblige. Difficile de voir, mais pas la peine d'en voir plus non plus. Inimaginable. Rien a voir avec ce que nous avons pu voir dans des favelas diverses, rien ,rien. Pas une once d'humanité. Des gens desoeuvrés, des haillons, des enfants nus, ballonnés, sales, des infirmes, de tout. Les memes le soir a 19h a Cap Haitien dite la "Nouvelle Orleans des Antilles"...et il faisait nuit quand je suis arrivée! Re-moto pour aller a l'hotel, pas d'éclairage "public" avant telle heure de la nuit et tout ainsi. Sans plus de détail "croquant"comme le sont les
cancrelats de 5 cm et les moustiques...Le lendemain, avec le soleil ca allait un peu mieux, mais a peine.
Plein de gamins et gamines en uniforme, qui vont dans des écoles ou institutions privées et payantes bien sur, bien habillés et les autres restent a la maison ou plutot dans la rue et la crasse. Saisissant.
Au fur et a mesure, je ne pouvais plus manger, tout me dégoutait; pas la peine de parler des resto ou les serveurs sont plus nombreux que les clients meme locaux.... un vrai cauchemar. Le voyage s'etant fait sur un pot retourné en guise de siege, sur une voie 50/50 goudronnée et le reste en calcaire, avec 2 crevaisons et un pb. moteur, j'ai opté pour un retour en avion, une demie heure, trés bien pour moi. J'ai pu prendre un peu de hauteur pour revenir sur Port au Prince et voir la campagne.
Tout est montagneux, les rendements ne sont pas au top, je pense, il s'en faut et le trravail y est tres dur. Les boeufs sont utilisés encore, meme en ville, les araires de Mathusalem...toujours en service. Rendue a Port au Prince, j'ai fait la route a pieds de l'aéroport au Carefour Aviation. La encore, a travers la poussiere, les campements sordides, degoutants; tous les hommes pissent devant le premier truc vertical venu. Je n'ai jamais vu autant de sexes males en si peu de temps, rapidement rengainés une fois soulagés...sans meme se cacher, des odeurs indescriptibles, une faune assortie de rats, chiens, morts ou vifs, peut etre des gens aussi, je ne serais pas surprise.
Je suis arrivée a l'hotel, en tap-tap, camion ouvert a l'arriere avec des ridelles latérales, des planches pour s'assoir et hop...Je me suis astiquée de partout et j'ai dormi. Les clients de l'hotel, tout a fait ordinaire et cher pour ce que c'était, etaient tous des membres d'ONG, de laboratoires, des medecins, des journalistes, des sociologues....tous étudient....., sont passionnés. J'étais sous le choc.
Le lendemain je suis repartie, vers le sud, memes moyens de transport; pas d'avion cette fois, distance plus courte et montagneuse aussi; l'arrivée devait etre belle....pas pour moi. Cette fois, j'avais acheté quelques bananes pour me substanter. Les rats les ont aimées aussi. Je ne savais pas quel était l'impertinent animal qui avait pu s'attacher a cette dégustation, donc j'ai découpé le morceau qui restait a chacune et j'ai mangé le reste. Quand j'ai su, quelques jours apres, j'ai failli vomir mes trois ou 4 jours.....
De retour a Port au Prince, j'etais et suis encore pleine de violence contre tous ces gens, tous te demandent de les aider en financant leur fondation, association etc, ils aiment ce que tu representes et te haissent en meme temps; si la réponse ne va pas dans leur sens, ils s'en tirent en te disant qu'ils te plaisantent; ils sont un peu moins noirs que les autres, sont disponibles pour parler tout un apres midi afin de capter ton attention et c'est cet aspect la que j'ai capté au sud.Mais ils sont partout, et font du business sur le dos des autres.
L'etat des bateaux qui m'auraient permis de partir vers la Rep. Dominicaine, avec des boat-people, eux memes, l'etat des routes impraticables sans un 4x4 m'ont contrainte a revenir sur Port au Prince le lendemain et un jour apres j'ai quitté Haiti.
J'ai toujours ces haine et violence. Plein de questions et je vois les haitiens emigrés a la Rep. Dominicaine avec un autre oeil. Leur présence notoire, car il n'y a pas de politique migratoire, crée beaucoup de tensions et de ségregation. Il y a beaucoup de prostituées haitiennes et dominicaines dans les zones touristiques.
Je quitte la Republique Dominicaine demain apres avoir visité plutot des zones rurales et charmantes a l'exception ces 2 derniers jours, d'une incursion dans la zone EST, dont la cote est une succession d'hotels et de golfs internationnaux, genre all inclusive, ce qui n'est pas ma tasse de thé. Je suis allée voir de plus pres une ile vue d'avion en venant de Puerto Rico: Saona .Les hauts fonds de coraux sont extraordinaires et je suis allée voir de plus pres...
J'ai avisé un hotel, bien sous tous ses aspects, propre, avec des chambres commes de petits bungalows. J'ai du attendre un peu pour m'endormir car il y avait des boites de nuit alentour; les conditions d'isolation acoustiques sont assez différentes des notres. Apres minuit j'ai eu droit au ballet des clients des prostituées et de leur souteneur etc...j'etais dans un hotel borgne ou de passe....Erreur de casting je crois. J'ai vu la proprietaire, mais ca n'avait pas l'air de lui poser de probleme. J'aurais du me mefier car c'était vraiment vide le jour, mais je n'ai pensé a rien en fait! Ca m'était déja arrivé au Vénezuela, mais je n'avais pas le choix, le chauffeur de taxi m'ayant planté vers 22h au centre de Caracas, devant un hotel semblable mais de catégorie bien inférieure...
A bientot pour d'autre aventures...