Entrée au Tajikistan. Entrée très contigüe entre Kyrgyzs-Tajiks-Uzbecks. Des frontières très intriquées avec des enclaves ethniques dans chaque pays...L'ensemble est situé dans la vallée de Fergana élargie. Le passage de la frontière s'est fait sur du velours, dans un transport collectif. Du jamais vu. Nulle part.
En arrivant à Isfara, des gens affables, ravis de voir une touriste. C'est une petite ville frontière, active. Premier soin: comment avoir de l'argent? Les Master card ( Maestro ici) ne sont pas très connues, pour. Une seule banque va les accepter dans le pays: Kazkum. Ravie d'apprendre que ma vie va se compliquer, mais comment faire avant d'arriver "en ville"? J'ai quelques dollars que la banque me change et dans la rue, je change la monnaie Kyrgyz. Le niveau de vie me paraît toujours plus bas...
Premier contact très sympa. Le jeune homme de la banque qui m'a accompagnée pour changer les dollars et essayer de faire marcher Master card me fait quelques recommandations et suggestions car ici, sur place, il n'y a pas grand chose. Je me retrouve donc dans la Mashroutka qui va m'amener à Khojand, 2eme ville du pays.
Il fait très chaud pour arriver à Khojand....la gare routière est hors la ville mais il semblerait que la ville soit un long serpent. Je prend le premier bus qui passe pour aller à l'hôtel suggéré. J'ai lu quelque part qu'il y a peu d'hôtels à Khojand et tous sont du genre business et relativement cher. Mais c'est mon
premier jour ici et je vais prendre le temps de m'organiser un peu. L'hôtel est rutilant et je lui trouve dès l'entrée un petit air de déjà vu: genre soviet union. Il m'a été recommandé par le gars de la banque sympa et dynamique, je fonce. Je comprends bien vite mon erreur. Tout mon étage est en chantier sauf ma chambre, la peinture est neuve, le reste est à faire, tout! Je commence à comprendre que pour 3 € il est difficile de faire mieux, mais mon système de conversion de la monnaie est lent et d'autre part les prix sont si bas que j'ai du mal à apprécier...
Je sors et cherche quelque chose d'autre pour le lendemain: 10 fois plus cher mais je pourrai me doucher et dormir. Je passe la nuit blanche car je crains les bestioles, le bruit. Je suis en compagnie d'un policier ( roman), la nuit passe vite, le bouquin aussi et au petit matin, je suis à l'autre hôtel, à 200m.
Super et j'ai la chambre aussitôt. Le temps de me faire un petit dej et je pars en ville. Il fait si chaud! Bazaar, quelques restes d'architecture mais surtout des gens plaisants. Quelques achats de fruits, et divers et je me mets en quête de nourriture locale et de ce que je peux faire avec cette chaleur.
Je trouve une jeune femme qui travaille pour 15 jours ici, à Khojand.Nous allons dîner ensemble ce soir. Elle est au même hôtel. Les choses se précisent. Finalement je vais découvrir l'immense réservoir sur le Syr Darya en amont de Khojand, aperçu en mashroutka.
J'y vais en bus et je trouve un "resort" pour les personnes aisées de Dushambe ou d'ailleurs. Le réservoir qui se termine par un barrage produit l'électricité pour la région et se double d'un lac, parallèle au réservoir et peu profond, aménagé pour la villégiature: hôtel étoilé, restaurants, plage et parasols, sable et pédalos. Je suis arrivée les 2 doigts dans le nez, sans savoir ce que je trouverai. Je m'installe sous un parasol; bien qu'il soit tôt, le soleil est chaud. Petit à petit, des familles arrivent, surtout femmes et enfants, avec le pique-nique et chacun s'installe gaiement. Une famille me demande pour s'installer et je suis ok. Me voilà donc en plein dans le jeu: les gamins filent dans l'eau avec ou sans bouée, louée à l'entrée, et les femmes commencent à faire des allées et venues vers un "vestiaire " de plage. Elles changent de tenue pour un vêtement identique mais sûrement démodé ou usé et vont dans l'eau où là, elles l'enlèvent vite lorsqu'elles ont l'eau à hauteur des cuisses. Une jeune fille prend alors leur robe, elles sont en sous vêtements dans l'eau. Tout le monte joue et s'amuse dans l'eau pendant 2 bonnes heures, avec les bouées qui passent aux adultes.
A moment donné, tout le monde sort de l'eau, se rue au vestiaire et sur l'une des 3 gamelles prévues pour nourrir tout ce petit monde affamé. Les gamelles sont emballées dans des fichus: du riz au beurre ou je ne sais quoi, du riz à la tomate, du pain. J'ai dû goutter à tout, tout était bon, mais je n'avais pas faim, pas encore. Lorsque tout le monde a été rassasié, les enfants sont repartis à l'eau et les femmes ont bavardé entre elles et avec moi. Evidemment la conversation n'était pas très élaborée mais nous arrivions à nous comprendre: provenance, age, enfants, métier etc.
Et le temps est passé vite. Tout le monde a quitté la plage à peu près en même temps. Pour ma part, j'ai pris mon temps, suis allée sur la "riviéra" boire un coca cola.....et j'ai regagné l'hôtel pour aller dîner.
Restaurant avec une Tajik, bon pour une entrée en matière alimentaire. Au menu des plats Tajiks: "ragoût" de légumes et Kurutob . Reggina travaille dans une ONG, salaire mensuel 800€. Elle fait partie des personnes aisées. Elle habite Dushambe où nous risquons de nous revoir.
Finalement je passe 4 jours à Khojand, fort agréables si ce n'est la chaleur. Très bon commencement sur le plan des contacts. Sur le plan hôtellerie, je ne sais pas encore ce que je vais trouver à Dushambe, j'ai peu d'informations.
1 ier Aout: mon plan est de descendre le long du seul axe asphalté, nord/ sud pour rejoindre 2 vallées, l'une allant vers le sud ouest, Isfarashan river, les Fan Mountains, l'autre vers le sud est, Yaghnob river. Les montagnes à Ayny sur la route sont superbes!
La chance me sourit, je trouve un taxi partagé et un compagnon de voyage qui va être mon interprète et mon passeport, Masud. Le taxi roule vite, à mon goût, mais nous arrivons à destination: Sarvoda. Masud me suggère un arrêt différent de celui que je pressentais et il me trouve un taxi pour me rendre dans la vallée de l'Isfarashan. Le chauffeur de taxi offre l'hébergement chez l'habitant. Que demander de plus? Les pieces du puzzle se mettent en place gentiment et sûrement.
Les paysages sont superbes et se suivent: lac d'Iskanderkul, Saritag. Le home stay est super, je suis la seule cliente étrangère. Je me promène et suis prise en charge par des enfants qui veulent me montrer l'âne, leur maison, leur grand mère, la rivière etc. C'est vraiment charmant. Je passe de très bons moments impromptus et je ne risque pas me perdre. Le village de Saritag, bien que tout petit et très tranquille, veille sur mes allées et venues sans en avoir l'air. Il y a un seul magasin de produits de première nécessité: allumettes, bougies, savon, cocacola, biscuits, papillotes de chocolat, chocolat russe, vinaigre chinois....Les gens vivent en autarcie et je vais trouver ça partout au Tajikistan. Sauf à l'est du Pamir, autour du Pamir où rien ne pousse sauf pour les chèvres et moutons et encore!
Après 2 jours de promenades, je trouve un gars avec une voiture et lui demande si il ne m'amènerait pas sur la route principale à 2h de là. Finalement nous trouvons un accord pour faire mieux: retour sur l'axe nord/sud , vallée de Yahgnob avec halte de 2 nuits à Margeb et il me conduit à Dushambe.
Je suis tranquille pour 3 jours de plus.
Il conduit bien, et nous parlons peu: la route est pour le moins captivante avec des lacets invraisemblables dans les cailloux, des ravins sans parapet bien sûr, des parois rocheuses qui ne demandent qu'a tomber et des éboulis!
Je me suis demandé pendant plus d'une heure si j'avais bien fait de me lancer là dedans: le ciel est devenu d'un lourd gris-souris pendant que le thermomètre montait et tout à coup la grêle s'est mise à tomber violemment : je voyais déjà la catastrophe, glissement de terrain, montée des eaux, nous étions au fond de la vallée niveau rivière. Le chauffeur ne semblait pas préoccupé..nous prenions des locaux sur la route, les bras chargés de seaux d'abricots ou autres fruits et qui continuaient de marcher sous la grêle, pas moyen de se protéger!
Finalement tout est rentré dans l'ordre; nous sommes arrivés à destination après 7 h de conduite...fatigués, moi de ne rien faire et lui de conduire. Le village de Margheb est en fond de vallée. Au delà, il faut marcher et il y a quelques hameaux habités. Tout l'espace disponible est cultivé ( en hiver, il y a 2 m de neige le plus souvent, les routes sont fermées par la neige, avalanches ou glissements de terrain, parfois les 3). Les habitants ne peuvent compter que sur eux mêmes et une forte solidarité dans la communauté. Nous logeons chez l'habitant, l'ancien instituteur. J'avais apporté un énorme melon pour notre hôte et nous avons été régalés de repas frais, délicieux, beaucoup d'aneth dans la soupe ou les salades tomates/ concombres/ oignons. Et des abricots of course! Séjour très plaisant et ballades tout autour et dans la vallée, réputée paraît il pour les parois verticales à grimper, 800 à 1000m! Escalade et varappe...
La vallée donne un peu de travail à quelques habitants grace à des mines diverses et variées dont les plus visibles sont celles de charbon. Ce que l'on voit de l'extérieur n'est pas très reluisant, les équipements paraissent vétustes et peu engageants. Lorsque l'on voit les glacis d'éboulis partout on peut se demander comment on travaille en sécurité à l'intérieur.
Nous retraversons ce corridor de vallée sinistre par endroit lorsque nous arrivions et plus brillant pour partir vers Dushambe.
D'autres mines de charbon en route et faciles d'accès pour les mineurs. Des tunnels anti avalanches le long de la route, la seule qui traverse le pays.....
En dehors des paysages, peu de choses à signaler à l'exception d'une station de ski neuve et 30 km avant d'arriver à Dushambe, tout le long de la rivière Varzob, des dachas neuves, clinquantes, paraissant opulentes pour les soirées entre amis de la capitale, avec des restaurants chics. La chaleur est accablante et je me dis que ça pourrait bien être agréable de venir se rafraîchir ici. Finalement, je ne le ferai pas.
5 Août Dushambe. Le chauffeur me laisse au bazaar. Je suis bien contente de son service et tout s'est bien passé . J'ai repéré un hôtel et je dois traverser la ville pour l'atteindre. Je prends le premier bus qui passe et il s'avère être le bon. Facile!
J'ai ici plusieurs objectifs: visa pour l'Inde, extension de mon passeport ou tout au moins voir ce que je peux faire. Mon passport est plein avec le visa pour l'Inde. Visa ok, nouveau passeport, je dois voir ça ailleurs et ce sera Delhi, l'ambassade d'Espagne peut me le faire. J'achète le billet d'avion pour Delhi et je suis prête à partir pour les Pamirs Tajiks.
L'Hotel est le rendez-vous des baroudeurs à pieds, vélo, moto, ou quelque engin d'autonomie complète. Les cyclistes forcent l'admiration: les chargements tout inclu varient entre 20 et 50 kg, voire plus! Et ils font le tour des Pamirs avec des cols à 4300 voire plus! Et aussi des sentiers de cailloux....
La ville n'a pas grand chose de notable; la rivière qui la longe est lourde en sédiments, peu attractive mais les locaux s'y baignent. Les bâtiments principaux ont des airs des Soviets: majestueux, mise en scène pompeuse et très ouverte. Il faut marcher à Dushambé. Larges avenues avec un bon service public de transport. Hors la capitale: rien, ça fonctionne quand même!
Le centre est assez réduit, très vite on se trouve dans les quartiers plus populaires et très agréables: rues bordées de rigoles et d'arbres souvent des arbres fruiters: plaqueminiers, abricotiers, vignes et autres bien sûr. L'avantage: on marche à l'ombre, les oiseaux font un boucan bien sympa, l'eau gargouille partout et on peut picorer en route. Du bonheur pur sucre. Bien qu'excentré, l'hôtel m'a permis d'explorer plusieurs quartier dont un russe, avec ses maisonnettes basses et fenêtres décorées en bleu, plus une église orthodoxe. Charmant. On sent que l'argent arrive: maisons récentes, rénovées, cachées derrière de hautes clôtures; le quartier de l'hôtel est, selon Masud, bien fréquenté et plutôt haut de gamme.
Nous sommes allés dîner ensemble dans un resto turc, il n'y avait pas de moussaka mais j'ai eu des aubergines bien bonnes.
On trouve de tout à Dushambe, au bazaar: j'y ai acheté des quantités d'abricots, de brugnons, et des pois chiches ou des lentilles, du thé, achetés pour laisser dans les homestay en guise de remerciement. Le seul problème: le poids, 3 kg ça pèse dans le sac. Mais en revanche les gens ont toujours été contents car ils sont loin des centres d'approvisionnement et ce sont des produits qu'ils ne cultivent pas toujours, c'est un plus dans les menus de pommes de terre, pâtes, riz, blé noir et mouton bien sûr..
Je laisse ma valise à l'hotel et je pars pour 15 jours dans le Pamir, avec peu: un change, mon baton de marche, du gras pout tout: les pieds, le corps, le nez, le visage. Là aussi, avantages et inconvénients à gérer au plus prés: avec la crème, la poussière adhère..., sans crème ça ne va pas non plus!
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