vendredi 20 janvier 2017

2017.01.16 CN Sishuan préfecture autonome de Ganzi

Vendredi 13 Sishuan, Préfecture autonome de Gandsé  Kham au 18 
Des emotions dans tous les sens et des perceptions en vrac aussi. Difficile de faire la synthèse. Peut être il n'y en a pas..

Une petite partie du Sishuan, à l'est et un peu plane, puis à l'ouest, nord et sud, ce sont les contreforts du Tibet. Les routes sont belles...avec des glissements de terrain quand même. Les sols ne sont pas très stables, beaucoup de calcaire dur, friable, des molasses. les photos le montrent bien.
De gros travaux d'infrastructure partout. Des autoroutes sur-élevées, des tunnels, le tout gigantesque pour somme toute une densité d'occupation faible. Les ressources sont faibles, le sol est nourri de plein de sources, mais peu de terre arable ici non plus, et pentes fortes...il y a du bétail, le yack. Il est la base de la vie dans ces zones pour la viande, le lait, la laine, le travail, le transport, bien que celui ci se fasse pat moto ou camions des chinois. 
En effet, la population locale, que l'on voit peu, parce que isolée dans de petits hameau, est tibétaine. Voilà pour les accès. 9 h à 11 h de bus pour atteindre Kangding d'abord et autant pour Ganzi ensuite. 
Les étapes sont ponctuées d'arrêts assez brefs pour se soulager et se ressourcer... Les soulagements se font via un système en enfilade, pour le sexe féminin, au moins. Avec un petit canal carrelé, bien mignon et un petit courant d'eau et vogue la...galère vers d'autres lieux. Le tout couvert mais non clos et avec les odeurs traditionnelles. J'ai opté pour boire peu lors de ces déplacements.
Arrivée à Kangding, je me rends dans une auberge proche de la gare routière. Je voyage avec rien, un change, médicaments, toilette à minima et des céréales plus fruits secs et noix diverses pour le petit dej., et un thermos de thé. On trouve assez souvent une fontaine d'eau chaude dans les gares pour refaire le plein.J'ai donc une grande mobilité. Ça aide.
La ville, 2560 m d'alt., s'étire sur une dizaine de km au fond d'une vallée très profonde. Il y faisait froid et venté, mais surtout pas de chauffage! Whowww. J'ai eu plus froid que par - 40.... A la fin de la journée, après avoir divagué par monts et par vaux, se reposer dans un endroit au chaud aurait été bienvenu. Que neni.
Heureusement, la couverture chauffante m'a rassurée. Encore faut il avoir l'expérience des mauvais tours. Bref, une nuit gelée au fond du lit, sans crever! C'est pas mal. 
Cependant, les gens de l'auberge, des jeunes, sont sympas. Ils parlent un peu anglais et c'est pourquoi je préfère ces hébergements et parfois il y a un pèlerin étranger qui traîne ses guêtres là. Dans la salle commune, il y avait un poêle, pièce ouverte à tous vents, et en restant auprès, habillée du manteau, chapeau, gants etc, ça allait, plus en mangeant....les nouilles déshydratées si
communes et faciles. Car ils mangent du porc et du porc, pour les non musulmans au moins, et du poulet. Ce n'est pas trop cher. Mais tout est assaisonné soit à l'un soit à l'autre. Donc, mon choix est limité. Si je vais au resto, tout baigne dans l'huile ou le gras de...porc!
Il fait très beau et très sec, c'est beaucoup déjà! Je vais me réchauffer en découvrant la ville et chercher plus de médicaments locaux pour la bronchite, je n'ai pas envie de rechuter.
C'est une autre Chine qui se présente. La ville, vu sa situTion ext un passage obligé depuis des temps lointains: un long couloir pour le transit des hommes et des biens: thé, sel, peaux, et plus. Il reste peu de vieilleries. Des  buildings récents, en cours, arrêtés, de tout, assez horribles lorqu'on regarde de près: comme c'est très pentu sur les bords, les immeubles sont appuyés sur la montagne et les premiers étages sont éclairés sur un mur de soutènement à moins de 1m parfois. De quoi devenir hystérique, non?
Mis à part ça et vu de plus haut, la ville est un long serpent le long de cette vallée...les gens sont d'un autre temps pour partie d'entre eux. Je suis parfois mal à l'aise, je n'ai jamais ressenti ça. Je passe sans cesse d'un état de bien être à celui d'inconfort, visuel au moins. Les gens rendent les sourires très spontanément et c'est agréable. Ils me touchent aussi, c'est drôle. Ils ont des faciès plutôt mongols, les couleurs, omniprésence du bouddhisme, les prières, les moulins, les gens qui marmonnent je ne sais quoi en continu. Les moines, très nombreux. Il y a un important monastère pas loin, que je vais aller voir. Le site est magnifique comme très souvent. De là, j'aperçois d'autres sites sur le versant opposé. C'est le but pour la promenade suivante. Je monte en téléphérique et redescend à pieds. J'aime bien cette animation en ville et je goûte des patisseries, bien identifiées comme des tuiles au sésame, je découvre un genre de Starbuck, inespéré en ces lieux et bien caché, étonnant. A part ça et la nature autour, aucun intérêt. Des quartiers entiers se bâtissent, pour qui, pour quoi? Le rez de chaussée qui pour nous serait un garage est immanquablement un  commerce, chacun vendant exactement la même chose que son voisin , chinois. Ce sont des chinois qui tiennent les clefs du commerce, de la voiture, du 4x4, les autres leur achètent ces objets que nous connaissons bien et qui ne valent pas un clou...
Ainsi vont les choses ici aussi.
Seconde nuit au frais et me voilà prête pour plus haut, plus loin, plus reculé encore. 
Un habitat qui me donne à penser au Yémen: l'entourage des fenêtres peint en blanc, des maisons de pierre noire , des schistes aigus et plats, des toitures terrasse rectangulaires et cornues, avec un genre de diwan au 2 eme ou 3 eme étage. Parfois des cailloux ornent la façade, en blanc, la tète d'un yack, pas d'un taureau. Mais ils peuvent être puissants comme eux.
En même temps que l'habitat ancien, beaucoup de maisons, très colorées, récentes, moins de 20 ans, superbes aussi. Qui st propriétaire? Qui fait ça? Dans ces zones assez désolées ça m'interpelle. Souvent, dans la cour il y a un gros camion, avec des ridelles, sans bétail alentour..... J'ai plein de puzzles en cours....de construction. 
Certes il y a des champs labourés, irrigués aussi, il n'y a plus d'arbre depuis longtemps et nous avons passé plusieurs cols.montées, descentes. Je suis encore partie pour 11 h de bus. Il est plein... d'odeurs et de gens qui mangent et vomissent à la suite.. Tant que j'arrive à esquiver, ça va. Sinon, je deale avec le gros ventru, qui occupe plus que sa place avec ses jambes écartées que je lui ramène à leur due place. Quelle guerre! c'est partie de mon épuisement et je n'arrive pas à me relaxer..
Les bus ne sont pas chauffés non plus. Ils roulent électrique, ça doit coûter. La condensation glace sur les fenêtres...
Je vais changer de standing en arrivant à Ganzi...et m'offrir le meilleur hôtel de la ville. Je ris maintenant. Mais tel était mon plus cher désir, dormir au chaud, y déjeuner au chaud....
La gare est nouvelle, les marqueurs ne servent de rien et je n'ai pas de connection internet...mais je ne m'en aperçois pas tout de suite. Il fait beau et je me dégourdis  les jambes en cherchant l'hotel. Un gars me fait monter en voiture, il a dû m'entendre ou me voir montrer le nom en Chinois. C'est très gentil à lui et je suis sans le savoir à mi chemin. A l'hotel tout parait bien, c'est cher et propre et froid et il y a une salle de bain. Je vais découvrir plus tard dans la soirée qu'il n'y a pas de chauffage ni eau chaude. Seul un bon grand lit et je mets la couverture chauffante en route, il faut 3 h au moins pour un lit tiède au milieu.
Quant à la douche, le soir, je prépare tout, avise la serviette haut perchée, hors d'atteinte. Vu l'exiguïté, je monte sur la cuvette des wc et.....je craque le couvercle! Sans dommage pour mes jambes ou autre, dans un fracas sans gravité pour les voisins,  je suis la seule cliente je pense.
Je me reprends, cherche l'eau chaude et je me couche sans demander mon reste.
Cependant, pour me réchauffer, auparavant j'ai fait un tour "en ville". Des tibétains grands, bien plantés, des bariolés, des couleurs, des poux, des moines, tout un festival, kaleidoscope. Encore une fois, je reçois des informations plein les yeux, les sens. J'achète des fruits, me laisse impressionner et me demande ce que je vais manger ce soir. Je suis happée par une chinoise qui me demande en anglais si je suis américaine...Premiers mots d'anglais depuis trois jours. 
Elle s'appelle Lyn et cherche un contact pour sûr. Moi aussi. Je lui donne le nom de l'hotel oû elle me retrouvera. Il est nuit tombante.
En effet, elle me rejoins 10 mn après. Nous convenons d'aller diner et elle sait  où nous pouvons avoir des légumes. Tout baigne bien , bon diner d'épinards, aubergines et riz, le tout délicieux. Elle enseigne le chinois à des chinois tibétains qui ne connaissent que le tibétain car ils sont pris en main par les moines...et les mantras. Et elle vit dans un hameau, à 2h de route de Ganzi .41 bambins de 4 ans à 13 ans . La tâche est incommensurable...... Elle non plus n'a pas de chauffage, ni eau, sauf la glace, ni internet. Elle est volontaire, en place depuis environ 2 mois. Elle vient toutes les semaines se laver et lire ses messages internet....
Bravo! J'espère ne pas être mangée à cette sauce dans quelques jours lorsque je donnerai des cours de conversation en anglais à une jeune fille à Yibin
Elle est assez occupée car elle rentre le lendemain matin au village mais nous passons un bon moment. Finalement, le lendemain elle est toujours là, et après avoir fait le tour d'un énorme monastère grouillant de moines encore, (c'est une affaire qui marche ici, la prière, les moulins, etc..) je la retrouve dans un café où on peut atteindre le wifi. Vie très déconcertante, de volontariat dans des orphelinats, des écoles de ce type. En contact avec les moines, ce sont eux qui ont le "savoir" dans une population illettrée et qu'ils maintiennent ainsi, et qui les fait vivre grassement. 
Je suis assez médusée. Ce qui est sûr, ces communautés sont très pauvres, des conditions sanitaires  au plus bas niveau, surpopulation, les familles ont la plus part plus de 4 enfants. Ressources près de nulles. 
Pourtant des rues, assainissement partout, même si dégradé, et si pas d'eau courante partout, éclairage public pharaonique. Bureaux de poste, hôpitaux, j'en ai vu dans plusieurs agglomérations en route. Je ne sais toutefois pas si tous des services sont en état de fonctionnement.
Les chinois sont présents, dans le commerce et autre sûrement. Beaucoup d'immeubles en cours de construction, pour les touristes chinois me dit Lyn. À présent tout est vide car bientôt c'est le premier de l'an chinois et tous les chinois qui vivent là sont originaires d'ailleurs et rejoignent leur famille avec femme et enfants et plus. La petite ville est en partie déserte sur ses marges.  

Il y a des sources d'eaux chaudes et je vais aller m'y laver! Quel bonheur! J'ai une énorme baignoire où 10 personnes pourraient entrer. Ca sent le souffre et j'apprécie hautement avec toute la poussière dont je me suis remplie depuis que j'ai quitté Chengdu. En crapahutant à droite et à gauche pour me maintenir au chaud. Nous sommes auparavant allées acheter des taille-crayon pour que les enfants puissent aiguiser leurs outils, du papier collant, des feuilles de papier de couleur, des ciseaux etc   Ils seront heureux au milieu de cette misère. Les moines les frappent parfois, sans motif. Une horreur révoltante qui me laisse bien énervée pour plusieurs nuits! Et des gens si simples et si crédules, sous influence!
 Voici mes impressions dans le désordre. Je ne sais pas ce que ça donne pour un lecteur lambda. Je ne suis pas capable de mieux de toutes les manières. Je suis à Chengdu, de retour depuis 2 jours et je ne suis pas calmée.



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